Lorsque le 24 mars dernier à Toulouse, les 37 marchés alimentaires de plein vent ont été contraints de fermer en raison de la pandémie de Covid-19, Anabelle Alvarez, directrice de l’agence de livraison Amazon dans la ville rose, a mal vécu la décision. Désarmée en tant que consommatrice, cette logisticienne a su transformer ce sentiment négatif en moteur pour trouver, à son échelle, un moyen de soutenir professionnellement cette filière.
“J’ai tout de suite pensé aux producteurs de fruits et légumes et au devenir incertain de leur production. Je me suis alors demandé comment les aider”, explique l’ingénieure de formation. Parce qu’Amazon encourage sur chaque site ses collaborateurs à s’impliquer activement dans la vie des communautés locales, Anabelle décide de consacrer gracieusement une partie cette énergie dans l’aide de deux magasins coopératifs Ferme Attitude, distribuant dans l’agglomération des fruits et légumes frais issus d’exploitations locales. Les deux boutiques bénéficieront ainsi du savoir-faire d’Anabelle Alvarez dans le tracé des tournées en camion frigorifique effectuées par le transporteur UTS, partenaire d’Amazon pour cette opération. “Les commandes étaient faites via le site de Ferme Attitude. Rien n’a transité par Amazon. J’ai ensuite organisé des tournées de livraison pour le transporteur de façon assez artisanale avec des plans Google Maps”, sourit la responsable logistique.
Pour UTS, la nature de ces livraisons, effectuées trois fois par semaine, était bien différente de celles opérées d’habitude. “Une cagette de fruits et légumes, ce n’est pas tout à fait comme les colis.. La clientèle est différente. Elle est souvent plus âgée. Il y avait davantage d’attention, tant de notre part que de celle du client. C’était une belle expérience”, témoigne Ayman Zribi, responsable d’exploitation d’UTS, satisfait de cette action de soutien ayant pris fin avec le déconfinement de mai.
L’initiative toulousaine ayant porté... ses fruits, Anabelle Alvarez a souhaité déployer son savoir-faire sur d’autres sites, épaulée par les équipes locales, lors du reconfinement d’automne. Ainsi, un autre magasin de fruits et légumes strasbourgeois est accompagné depuis novembre, tout comme, c’est de saison, un pépiniériste de sapins installé près d’Annecy. “J’ai d’abord pensé à une plaisanterie car une proposition de service est rarement désintéressée... Or c’est bien le cas ici !”, certifie Marilyn Blanc, qui vient de reprendre l’exploitation familiale Sapins Blanc avec son frère David. Etant à titre personnel cliente d’Amazon, Marilyn Blanc a tout de suite prévenu Anabelle Alvarez que la structure de son exploitation ne pourrait pas lui permettre de passer, dans le futur, par Amazon.fr pour proposer ses sapins à la vente. “Ce n’est absolument pas l’objet de notre démarche”, commente Anabelle Alvarez. “Dans le cas de Sapins Blanc, nous voulions simplement aider une TPE à envisager un modèle économique pour la livraison de ses arbres”, poursuit-elle.
Pari gagné ? En moins de deux semaines, il semble que la graine de la réflexion a déjà germé chez les Blanc. “On comprend mieux le fonctionnement de la livraison. Le transporteur est à l’écoute de nos contraintes. Et puis surtout, cela nous permet de nous concentrer sur ce que nous savons faire... Sans livreur, je devrais le faire moi-même. Me lever à 5 heures du matin et faire garder mes enfants toute la journée”, détaille Marylin qui, dans sa tête, prépare déjà Noël prochain.
Dans le Nord, à Villeneuve d’Ascq, une région où Anabelle Alvarez a travaillé au début de sa carrière, c’est une association d’insertion, la Bouquinerie du Sart, qui bénéficie du soutien des équipes Amazon. Le contexte est d’autant plus inédit ici que les camionnettes ne viennent pas chez les particuliers pour apporter des livres, mais les collecter chez des donateurs. La tâche est d'ampleur puisqu‘en temps normal quelque 5000 ouvrages sont recueillis chaque jour par la Bouquinerie ! “Tous ne sont pas revendables. Notre travail est aussi d’effectuer un tri”, détaille Domitille Widmaier, responsable de cette association embauchant 13 personnes n’ayant pas d’autre domicile qu’un foyer d’accueil. La bouquiniste le confesse : “Certains donateurs, par principe, ne souhaitent pas donner les livres en passant par un service, même gratuit, délivré par Amazon. Je passe outre. A l’association, notre seule ambition est de remettre un pied dans l’emploi à des personnes qui se trouvent sur le bas-côté. Sans ce service de collecte, elles seraient peut-être aujourd’hui au chômage partiel.”
Une analyse dans laquelle Anabelle Alvarez trouve une nouvelle énergie pour développer, à proximité d'autres agences de livraison, un système de solidarité au plus proche de ceux qui en ont besoin.