Avec seulement 24 sur 1000 femmes diplômées qui suivent des études menant aux métiers du numérique en Europe, le secteur de l’informatique manque cruellement de pensée féminine. Engagés sur ces questions de mixité dans le secteur de la Tech et du numérique, la Simplon Foundation, Magic Makers, La Compagnie du Code ou encore JobIRL ont mis leurs forces en commun, donnant naissance au collectif « Les Intrépides de la Tech ». Objectif : lutter contre les représentations sociales et les stéréotypes de genre qui pèsent sur l’orientation et l’auto-censure des femmes. Le collectif a ainsi mis en place un programme pour aider les enseignants à sensibiliser, informer et accompagner massivement les jeunes filles afin de les encourager à s’intéresser et à s’orienter vers ce secteur d’avenir. Professeur au collège Gérard Philipe à Aulnay-sous-Bois (93) dans l’académie de Créteil, Mustapha REZZAKI teste ce programme depuis le début de l’année scolaire dans le cadre de la mise en œuvre du projet académique 2020-2024.

Une action sur la durée

Mustapha REZZAKI cumule plusieurs casquettes : professeur de sciences physiques et chimiques de la sixième à la troisième, il organise aussi des forums des métiers et de l’orientation pour faire découvrir aux élèves de son établissement et des lycées de la ville « Aulnay-sous-Bois » les opportunités de carrière et les aider à s’orienter. Il développe également des activités autour de la mixité et de la citoyenneté.

« Mon premier contact avec la Simplon Foundation date déjà de plusieurs années », explique-t-il. « Je cherche en permanence des professionnels pour venir présenter leur parcours aux élèves et Simplon facilite cette recherche en me proposant des collaborateurs d’entreprises partenaires de la fondation. Parallèlement, nous travaillons ensemble sur la prévention de l’échec scolaire, en montrant aux élèves en difficulté qu’il y a aussi un avenir pour eux, notamment dans les métiers du numérique car tous ne nécessitent pas forcément un profil d’élève qui aime l’école ». Très complet, le programme mis en place comprend non seulement des ateliers d’initiation à la programmation mais aussi des échanges autour du numérique, des retours d’expérience de professionnels, etc.

Au fil des années, la relation entre Mustapha REZZAKI et la Fondation s’est enrichie de nouvelles initiatives proposées par le collectifLes Intrépide de la Tech et, progressivement, le collège Gérard Philipe a organisé de plus en plus d’ateliers destinés aux filles.

Des ateliers qui marquent

« De manière générale, nous privilégions l’inclusion avec des ateliers mixtes par classe, car, dans la vie de tous les jours, les filles seront amenées à travailler avec des garçons. Dès lors, pas besoin de les isoler pour les sensibiliser», précise toutefois Mustapha REZZAKI. « Mais il nous arrive aussi de réunir toutes les filles de l’établissement avec des sessions qui leur sont spécifiquement destinées. Dans tous les cas, nous faisons en sorte que les ateliers soient toujours organisés par des binômes mixtes, avec des femmes qui viennent raconter leur métier et leur parcours ». Et, selon Mustapha REZZAKI, cette stratégie de sensibilisation, qu’elle soit inclusive ou par genre, fonctionne : « Depuis la mise en place du programme, nous avons constaté que de plus en plus de filles envisagent de s’orienter vers les métiers du numérique. Force est de constater que ces échanges organisés avec des professionnels externes marquent plus nos élèves que tous nos discours d’enseignants », reconnaît-il sur le ton de la plaisanterie, car elles font le pont entre ce que nous traitons en classe et ce qu’elles pratiquent au sein des entreprises.

Au-delà de la problématique de la présence des femmes dans les métiers du numérique, ce programme a eu aussi le mérite de remettre certaines pendules à l’heure. « Trop d’élèves, filles ou garçons, sont encore persuadés qu’il faut être bon en mathématiques pour réussir dans le numérique. Avec ces ateliers, nous démystifions l’informatique en leur montrant qu’il suffit d’avoir la motivation et le sens de la logique pour y arriver. Les témoignages de personnes qui n’avaient pas un profil scolaire mais qui ont pourtant réussi à faire carrière et qui aujourd’hui sont chefs de service, cadres, etc. sont là pour le prouver. Autrement dit, la collaboration avec la fondation, le collectif, et le programme Amazon Future Engineer nous aide aussi à lutter de façon très efficace contre l’échec scolaire en montrant aux enfants en difficulté ou démoralisés, qu’il y a aussi un avenir pour eux », conclut Mustapha REZZAKI.