« En fin d’année dernière, nous avons complètement été débordés par la demande et dépassés par le succès de nos produits avec une augmentation de 210% de nos ventes en ligne, dont 40% sur Amazon. Et nous continuons à développer notre gamme de produits avec plus de petits producteurs qui sont ravis de continuer à travailler grâce à nous ». Philippe Berruer, propriétaire gérant du Refuge de Marie-Louise

Journaliste dans le domaine du développement rural, de l‘agriculture bio et des circuits courts pendant une vingtaine d’années, Philippe Berruer a exercé dans l’hôtellerie pendant une dizaine d’années avant de reprendre le Refuge de Marie-Louise. « Ma femme et moi avons décidé de changer de métier tous les dix ans pour nous remettre en cause régulièrement et garder de l’enthousiasme », explique-t-il. « Dans un premier temps, nous avions envisagé de racheter une société au Québec qui faisait de la vente de produits du terroir. Mais la crise sanitaire a refroidi nos ardeurs à cause des déplacements entre la France et le Canada qui devenaient trop compliqués ». Normands d’origine, Philippe et sa femme ont donc cherché une société à racheter dans une région qu’ils connaissent bien et dont ils étaient tombés amoureux : les Alpes. Et c’est ainsi qu’ils ont trouvé le Refuge de Marie Louise, petite société qui existait depuis une dizaine d’années.

Une passion pour les circuits courts et les produits du terroir

Charcuterie, confitures, conserves, fromages, conserves, vins… Le Refuge de Marie-Louise est spécialisé dans les produits régionaux savoyards. La plupart des produits sont fabriqués par des petits artisans locaux, en Savoie et Haute-Savoie. « Nous avons grandi à la campagne », souligne Philippe. « Nous venons d’un milieu rural et notre intérêt pour les petits producteurs et les produits qu’on achète directement à la ferme ne nous a jamais quitté. Le rachat du Refuge de Marie Louise s’inscrivait complètement dans cette logique ».

En octobre 2020, quand Philippe et sa femme reprennent les rênes de la société, celle-ci comptait deux boutiques physiques situées dans deux stations de ski ainsi qu’un site de commerce électronique. « L’activité en ligne était déjà très développée, l’ancien propriétaire avait même commencé à vendre sur Amazon. Il s’était en effet dit que les clients qui achetaient en boutique pendant les vacances aux sports d’hiver pourraient avoir envie de continuer à consommer ses produits une fois de retour à la maison. Et de fait, il avait raison, car lors du rachat, la vente en ligne représentait déjà 65% du chiffre d’affaires global de la société, dont 40% sur Amazon. Le potentiel de ce ‘coussin financier’ provenant du commerce électronique fait d’ailleurs partie des raisons qui nous ont poussés à reprendre cette affaire », précise Philippe.

Il n’avait toutefois pas prévu qu’un mois à peine après le rachat, il serait obligé de lever le pied sur la vente en ligne. « Nous avons complètement été dépassés par le succès de nos produits avec une augmentation de 210% de nos ventes en ligne. Mais nos locaux, notamment, n’étaient pas adaptés à cette volumétrie », explique-t-il. « Plutôt que de décevoir nos clients, nous avons préféré retirer provisoirement une partie de nos produits d’Amazon, notre plus gros fournisseur de ventes, pour réorganiser notre activité ».

Un développement fulgurant mené tambour battant

Doté à l’origine d’un local de 30m² en station, donc difficile d’accès, le Refuge de Marie-Louise a investi dans un nouveau centre d’expédition. Dix fois plus grand (360 m²), il est situé dans la vallée, donc plus accessible, et devrait permettre à la société de gérer des flux plus importants. « Nous déménageons dans un mois », déclare Philippe. « Parallèlement, nous développons notre gamme de produits avec plus de petits producteurs qui sont ravis de pouvoir continuer à travailler grâce à nous ». Avec la fermeture des restaurants, les fournisseurs de Philippe ont en effet perdu une partie importante de leur clientèle et dû mettre leur personnel au chômage partiel. « Grâce à la vente en ligne avec le Refuge de Marie-Louise, notre fournisseur de saucisson, par exemple, peut refaire travailler son personnel. Parallèlement, on fait rayonner leur savoir-faire à travers l’Europe en profitant des services de gestion des droits de douane proposés par Amazon qui simplifient considérablement la donne ». Philippe aimerait bien aussi un jour ou l’autre étendre sa zone de chalandise à l’Amérique du Nord mais « c’est un marché d’autant plus compliqué que nous vendons des produits qui y sont interdits, comme le fromage ».

En attendant, il continue de restructurer son activité pour développer le marché du demi-gros afin d’alimenter certains commerces comme les épiceries fines. Il retravaille aussi son offre en constituant des paniers afin d’améliorer la rentabilité de la vente en ligne. Nul doute qu’une fois ces transformations effectuées, le Refuge de Marie-Louise « explosera de nouveau les plafonds » sur Internet !