Lucile S. est retraitée et habite une petite maison du XIXème siècle entourée de champs et de bois dans le Tarn-et-Garonne. Elle a cinq petits-enfants, une arrière-petite-fille, deux chats et un jardin potager. Elle n’a pas de smartphone et elle n'en a pas besoin. Pas le profil d’un l’utilisateur avancé du commerce en ligne ? Pourtant si : Lucile reçoit des colis commandés par internet plusieurs fois par semaine directement chez elle, même si son adresse est compliquée à trouver pour les systèmes de GPS.

Comme elle, des milliers de personnes en France utilisent l’e-commerce pour rendre leur vie dans la campagne encore plus agréable. Voici son histoire.

Avec l’e-commerce, lorsque j’ai envie de quelque chose, je le reçois dans les deux ou trois jours, pas besoin de stocker tout un tas de produits.
Lucile S.

Calme, famille et nature

« Ce qui est bien à la campagne c’est le calme », explique Lucile. « Je préfère être réveillée par les chants des oiseaux que par les moteurs de voiture ! ». Née à Montauban peu après la Seconde Guerre Mondiale, le travail de cette ancienne fonctionnaire du Trésor Public et syndicaliste l’a longtemps mené à vivre en ville: Toulouse, Paris, Nantes, Cahors, Bordeaux… « Je trouvais la vie dans les grandes villes impersonnelle, un peu inhumaine. Parfois on ne connaît même pas ses voisins. Je me disais que quand je serais plus âgée, je reviendrai dans le Tarn-et-Garonne ».

L’occasion s’est présentée il y a six ans : « Ma fille habitait dans le coin. Elle avait un petit garçon, Sacha, et je lui ai proposé de le garder quand elle était occupée ».

« J’adore me promener dans la campagne », explique Lucile, qui sort marcher presque tous les jours, tôt le matin. La lecture, l’entretien de son potager, les courses à Molières (le petit village à 4.5 km de sa maison) ou à Montauban (à plus de 20 km) et, surtout, la famille, remplissent ses journées.

Une porte ouverte sur le monde

L’ordinateur prend une place centrale dans son salon : « C’est un peu comme une porte ouverte sur le monde. Je ne peux pas dire que je sois très formée en technologie, mais bon, j’essaie de m’y mettre : c’est en forgeant que l’on devient forgeron ».

Lucile a entendu parler du commerce en ligne il y a quelques années par ses enfants, et elle en est rapidement devenue une utilisatrice assidue. « C’est une facilité : ça m’évite de me déplacer, de partir d’un côté ou de l’autre sans savoir si je vais trouver tel ou tel article ». Elle commande régulièrement sur Amazon.fr, parmi d’autres sites, surtout des produits pour ses petits-enfants, des aliments pour ses chats et des produits ménagers.

C’est souvent Sandy, factrice depuis 12 ans, qui livre ses produits. Elle fait 115 kilomètres tous les jours pour distribuer le courrier à des centaines de clients comme Lucile, la majorité habitant en zone rurale. « Avant il y avait beaucoup plus de courrier. Maintenant avec internet et les e-mails il y a eu une diminution des courriers, mais par contre le volume de colis a augmenté », affirme la factrice. Ce qu’elle aime le plus de son travail ? « À la campagne il y a plus de relation avec les clients : on discute avec eux, on connaît un peu leurs vies », explique-t-elle avec un sourire.

Une vie plus simple

« Si je n’avais pas internet pour faire des commandes, je serais obligée d’aller en ville tous les deux ou trois jours, ou alors il faudrait que je stocke beaucoup, ce qui n’est pas pratique car j’ai une petite maison », explique Lucile. « Avec l’e-commerce, lorsque j’ai envie de quelque chose, je le reçois dans les deux ou trois jours, pas besoin de stocker tout un tas de produits. Pour moi c’est l’idéal ».

La vie à la campagne n’est pas toujours simple, elle implique souvent du travail physique. À 67 ans, Lucile coupe elle-même le bois, et en stocke au moins douze stères pour la cheminée qui chauffe sa maison. « L’âge venant, lorsque le temps va passer, je ne sais pas si je vais pouvoir continuer à vivre ici toute seule. Mais tant que je ne souffre pas trop, tant que je peux continuer à faire mon jardin, à me promener dans la campagne, à prendre la voiture… tant mieux ! ». Elle conclut en souriant : « J’ai surement un caractère optimiste, ça devrait jouer aussi ».