Extrait des principaux résultats de l’étude Ifop

  • « 62% des Français achetant des livres estiment que la hausse des frais de port introduite en octobre 2023 affecte leur pouvoir d’achat. »
  • « 44% des acheteurs de livres déclarent que cela les conduit à réduire leurs achats et donc à lire moins. Les catégories les plus modestes sont les plus touchées -51% des catégories modestes, 59% des catégories pauvres, contre 28% des catégories aisées. »
  • « Lorsqu’ils se rendent davantage en points de vente physique pour échapper aux frais de port, les lecteurs privilégient d’abord les hyper/supermarchés, grandes enseignes ou maisons de la presse (70%), par rapport aux librairies indépendantes (26%). »
« Depuis l’introduction des frais de port obligatoires il y a un an, 62% des acheteurs de livres déclarent que cela affecte leur pouvoir d’achat, et 44% avoir réduit leurs achats de livres et donc lire moins. Cet effet est plus marqué auprès des catégories modestes et pauvres. »
Flora Baumlin
responsable de l’étude chez Ifop

Les enseignements de cette étude sont à mettre en perspective dans un contexte où 47% des Français témoignent d’une baisse de leur pouvoir d’achat et, parmi eux, 79% déclarent avoir été contraints de baisser leurs dépenses culturelles ou prévoient de le faire. Cela représente près de 20 millions de Français, soit près d’un Français sur trois.

« Dans un pays où plus de 90% des communes n’ont pas de librairie, instaurer des frais de port obligatoires sur les livres revient à taxer la lecture, en forçant de nombreux Français à choisir entre payer plus ou lire moins. La lecture est une grande cause nationale qui doit mobiliser tous les acteurs, et les politiques publiques culturelles devraient plutôt s’appuyer sur les atouts de l’offre en ligne pour favoriser un accès large à toute la culture, partout en France. »
Frédéric Duval
directeur général d’Amazon.fr

Dans un contexte inflationniste, l’étude dévoile également le coup de cœur des Français pour le livre d’occasion. Pour 84% des lecteurs, cet achat plus économique leur permet d’acheter et donc de lire plus. A cet égard, l’étude apporte un éclairage inédit sur le regard des Français concernant la proposition de taxe sur les livres d’occasion :

  • « Deux tiers des Français sont défavorables à la proposition d’instaurer une taxe sur les livres vendus d’occasion (67%). Pour 49% des Français qui achètent des livres d’occasion, cela se traduirait par une baisse de leur lecture, faute de pouvoir acheter des livres. »

L’accès aux livres, un symbole de la fracture territoriale

Les résultats de cette nouvelle étude Ifop témoignent des difficultés particulières rencontrées par les habitants de certains territoires pour accéder aux livres, et plus largement à la culture. Comme le rappelait récemment la ministre de la Culture lors de la consultation nationale du « Printemps de la Ruralité », l’offre culturelle, quoique très étoffée dans notre pays, est inégalement répartie sur notre territoire, la mobilité étant selon elle le premier obstacle auquel sont confrontés les quelque 22 millions de Français qui vivent aujourd’hui dans les territoires ruraux.

Le livre ne fait pas exception. Plus de 90 % des 35 000 communes françaises n’ont pas de librairie quand Paris, à elle seule, concentre près de 20 % des librairies françaises pour seulement 3 % de la population. C’est ainsi que, selon une étude de l'Ifop de septembre 2023, 49% des Français qui achètent des livres en ligne le font en raison de l’éloignement des points de vente physique, cette proportion atteignant 75% en zone rurale. Il n’est donc pas surprenant que près d’un livre sur deux vendu sur Amazon.fr soit acheté par un résident d’une commune de moins de 10 000 habitants, et près d’un livre sur quatre par un résident d’une commune de moins de 2 000 habitants.

Il faut encourager la lecture. Soutenir les librairies est un moyen d’y parvenir, encourager l’offre en ligne en est un autre, particulièrement pour les populations résidant en milieu rural et périurbain. Des mesures alternatives de soutien aux librairies existent, qui ne pénaliseraient ni la lecture ni le pouvoir d’achat des Français : par exemple la mise en place d’un tarif postal dédié, qui existe déjà pour les expéditions de livres vers l’étranger : envoyer un livre de 500 grammes à Londres coûte ainsi 1,67 euro, alors que l’envoyer vers une adresse en France coûte quatre fois plus cher, à savoir 6,99 euros.

Les services numériques de culture et de divertissement jouent déjà un rôle essentiel dans la résorption de la disparité de l’offre entre villes et campagnes – et c'est pourquoi nous pensons qu'ils doivent être pleinement exploités dans le cadre des politiques publiques d'accès à la culture. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter :

* L'étude complète Ifop est disponible ici. L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 12 005 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d'agglomération.